Précautions et risques

C'est dangereux les chaussures !

Comme sur YouTube : N'essayez pas ça chez vous ! Ceci a été fait par quelqu'un qui connaît les risques, et s'est fait prendre comme un novice parfait... Le récit détaillé (écrit par lui-même) d'une mésaventure de notre ami Patrick !


Jeudi, dans le cadre d'un stage avec des enfants de 4 à 7 ans, on se baladait agréablement dans les bois sur les hauteurs de Stavelot (petite ville dans l'est de l'Ardenne). Heureusement je n'en avais plus que 2, les autres ayant abandonné le mercredi mais ça c'est une autre histoire ! Alors, vers 11h30 nous suivons une sente à l'orée du bois, bucolique sentier herbeux bordé d'une vielle haie pleine de ronces d'un coté, et d'une jeune plantation de sapins de Douglas (Pseudotsuga menziesii), tout ceci sous un soleil digne de la Provence; il manquait juste les effluves de lavande et de romarin. Vers la fin de la plantation, les deux gamins gambadaient joyeusement devant moi et (heureusement) c'est moi qui ai découvert les restes d'un vieux piquet de clôture métallique bien caché dans l'herbe. J'étais en chaussures, et d'un coup je ressens un forte douleur. Nous nous arrêtons quelques mètres plus loin où le chemin s'élargit, et je m'assieds sur une souche d'arbre. J'enlève la chaussure pour regarder, pour constater que ce foutu truc a bien transpercé ma godasse, et m'a fait une belle coupure de +/– 1,2 cm de long et profonde de 5 mm. Je saigne comme un cochon, Louis (6 ans) s'approche et regarde avec intérêt, puis crie "Mathieu, viens voir, Patrick pisse le sang !". Les deux regardent passionnément mais ne s’affolent nullement.

En gardant un appui sur la blessure pour stopper l’hémorragie, je décide d'avancer un peu la pause pique-nique, il est presque midi. Au bout de quelques minutes le saignement s’arrête, alors je me nettoie le pied avec des lingettes pour cul de bébé et fait de même, tant bien que mal, avec ma godasse. En mangeant un bout avec eux, je décide de téléphoner à ma collègue, que je remplace, pour lui expliquer ce qui est arrivé, mais qu'elle ne doit pas s’affoler, et qu'après une pause nous allons continuer. Plus j'essaie de calmer le truc, plus elle panique. Moi je suis mort de rire, en plus ça ne fait même plus mal. "Je viens vous chercher en voiture !!!" me dit elle. En effet, nous ne sommes plus qu'à quelques centaines de mètres d'une petite route goudronnée. Le temps qu'on finisse de manger, de coller un sparadrap, de ranger nos bols, et de se remettre en route, et je la vois déjà arriver dans le bois, toute paniquée.

En arrivant au local, elle me demande, d'un ton fort insistant : "Montre-moi ça ! T'as désinfecté au moins ?" et je lui réponds que non pas encore, je vais faire ça maintenant. Elle regarde attentivement la blessure, puis dit "je vais te conduire à la clinique !". Moi : "Non, je vais mettre un peu d'isobétadine et un nouveau sparadrap, puis en arrivant à Liège j'irais chercher de la pommade magique !". Elle : "C'est quoi ta pommade magique ? Je vais aller à la pharmacie te la chercher !" Moi, toujours mort de rire, je lui réponds que ça ne se vend pas en pharmacie mais en herboristerie ou dans un magasin de miel, et que je compte badigeonner la plaie de "miel de thym". La voila de moins en moins rassurée. Enfin, voyant que je suis de "mauvaise foi", elle rentre à Malmedy. Je pars avec les gamins à la plaine de jeu pour le restant de l'après-midi. Ça me gêne un peu, mais ça ne fais pas mal. Pendant que les deux s'amusent, elle me sonne : "J'ai fais tous les magasins de Malmedy, y compris le magasin bio, et je n'ai pas trouvé ton foutu truc !". Je lui réponds de ne pas se tracasser, que j'en trouverai en arrivant à Liège, qu'il y a un magasin de miel à 100 mètres de la gare et que j'y serai avant la fermeture. Ça ne la rassure point. Vers quatre heure les parents arrivent pour venir chercher les gamins, qui expliquent avec ferveur les événements de la journée, en plus ils veulent que je le montre, ce que je refuse car je n'ai pas le temps, faut pas que je rate le bus pour me conduire à la gare.

Vers six heures, je me retrouve enfin à Liège et me rends directement au magasin (ouf, c'est toujours ouvert), où je demande un petit pot de pommade désinfectante et cicatrisante. La charmante dame me regarde avec un air un peu ébahi. Alors je lui explique, et elle comprends mieux, me vend mon petit pot de miel à un prix plus que raisonnable, 2,75€. Puis je vais boire un verre avec des copains. En arrivant au troquet : "Pat, que fais-tu avec des godasses, c'est pas normal ?" Alors je suis bien obligé d'expliquer ma journée, et nous passons un bon moment en buvant quelques bières. Puis je rentre, je mange et me lave correctement les pieds, badigeonne la plaie de miel, mets un pansement, puis dort du sommeil du juste.

Le lendemain, à 7 heure du matin, alors que je découvre que mon train est supprimé, Nancy me sonne : "Eh ça va aller pour la journée d'aujourd'hui ? Tu peux aussi faire des jeux dans le jardin et des bricolages, si ça ne va pas trop avec ton pied." Je lui réponds de ne pas se faire de souci, et lui explique en même temps que j'arriverai en retard, devant changer d'itinéraire. Normalement j'aurais dû avoir une demi-heure de retard, mais c'était sans compter avec le camion des pompiers qui a bloqué le bus pendant presque une heure !

J'arrive enfin avec plus d'une heure de retard, et suis joyeusement accueilli par les gamins qui me demandent aussitôt si j'ai toujours mal. Je réponds par la négative, et leur demande s'ils veulent aller dans les bois. Nancy s'en mêle et me dit que je dois être raisonnable, vu que je suis blessé au pied. Je lui dis que je ne sens plus rien, sauf quand il y a un petit caillou mal placé qui procure une petite gêne. Elle reste sceptique. Elle rentre à Malmedy et doit revenir vers 15h30 pour récupérer le matériel et apporter une tarte car c'est l'anniversaire de Louis !

Je demande aux gamins où ils veulent aller, et nous partons allègrement en balade. Nous faisons une pause pique-nique dans une charmante clairière bordée d'une fourrée de ronces où les mûres sont juste à point : la nature nous offre le dessert. Nous continuons par des sentiers en sous-bois qui nous mènent à l'Eau Rouge, petite rivière qui méandre paisiblement dans un belle vallée. Comme il y a un soleil de plomb et une chaleur torride, Louis et Mathieu demandent pour jouer dans l'eau. Pendant qu'ils jouent, je m'installe sur un tronc d'arbre en râlant que moi je ne peux pas y aller, faut quand même pas pousser bobonne non plus ! Mais comme on ne peut point arrêter le temps, nous devons bien rentrer au local, et c'est avec regret que nous nous remettons en route. A notre arrivée Nancy est déjà là, et me demande ce que j'ai fait. Alors les gamins lui racontent joyeusement le merveilleux périple que nous avons fait. Elle me traite de complètement fada d'avoir fait 10 km avec un pied sérieusement blessé. A quoi je réponds que, comme je ne fais pas trop confiance à l'industrie pharmaceutique, et que j'utilise de la potion magique, il n'y avait eu aucun problème. Malgré la longueur de la balade, je ne sentais toujours rien. La voilà quand même moins sceptique et plus rassurée !

Après avoir dégusté la tarte et le départ de Louis, Nancy me conduit à l'arrêt du bus, car c'est sur son chemin et ça m’évite de le rater. Pendant le trajet elle me demande si je ne peux pas lui procurer un petit pot de miel, alors je lui offre le mien, j'irais en chercher un autre en arrivant à Liège. J'arrive en Cité Ardente avec 20 minutes de retard (c’était vraiment pas ma journée pour voyager en transports en commun) et le magasin est déjà en phase fermeture mais la charmante dame me procure quand même mon petit pot de remplacement.

Morale de l'histoire : je connais bien ce risque de vieux piquets de clôtures, et j'ai déjà à plusieurs reprises mis en garde de ce danger pour les barefooteurs ! Là, en godasses, j'étais beaucoup moins attentif, et je me suis fais avoir comme un novice. Je ne veux pas prétendre que ce ne serait pas arrivé pieds nus, mais je crois que les conséquences auraient été moins graves, car j'aurais probablement senti le truc pointu sans le prendre pour un caillou égaré et y mettre tout mon poids. Les godasses ça reste quand même des trucs dangereux ! Où je râle le plus c'est que je vais devoir mettre ces horribles grolles pendant quelques jours.