Au-delà de l’idée générale, erronée, que des chaussures sont une nécessité pour l’être humain, elle s’applique en particulier aux randonneurs qui ont besoin de godasses beaucoup plus lourdes et encombrantes pour se protéger des dangers des sentiers, comme si c’était beaucoup plus dangereux que la route ou les trottoirs.
C’est certain que ce genre de chaussures – qui ont aussi un prix lourd et encombrant – sont peut-être bien le seul produit qui peut être vendu aux participants d’une activité extrêmement bon marché par ailleurs. Il est dans l’intérêt des manufacturiers de maintenir la présomption que ces chaussures sont une nécessité, et de renforcer l’idée que le pied humain est mal conçu et totalement inadapté pour une quelconque activité physique.
Il est triste de voir que pas mal de gens aiment bien de marcher pieds nus et le font régulièrement, mais ont été convaincus qu’ils ne pourraient jamais le faire dans les bois. Pourtant la vérité est différente, la majorité des chemins forestiers sont nettement plus faciles et agréables pour les pieds que le bitume, et généralement beaucoup moins dangereux que les plages ou les pelouses publiques.
Ceci ne veut pas dire qu’il n’y a pas de risques sur les sentiers et chemins, mais un randonneur pieds nus est plus attentif, il regarde où il pose ses pieds et, grâce à la sensitivité de la plante du pied, il est capable d’ajuster sa pose de pied en une fraction de seconde. Ceci le rend moins vulnérable à la blessure, là où son compagnon en chaussures, étant moins attentif, risque bien de remarquer la grosse pierre instable seulement après avoir trébuché, ce qui induit l’idée qu’il faut des chaussures encore plus lourdes et forcément plus chères pour une protection encore meilleure.
Un autre argument tangible en faveur la randonnée pieds nus est d’ordre environnemental. Dans certains milieux naturels, le maintien des sentier et chemins, et leur entretien, nécessitent de les déplacer de temps en temps pour réduire autant que possible les effets de l’érosion. En marchant pieds nus on dérange à peine la couverture de sol la plus délicate, et on apprécie pleinement la douce carpette de mousse en bonne conscience.
Des chaussures par contre peuvent être très destructrices, même pour l’herbe la plus résistante. Elles laissent des traces même sur certains sols durs, alors qu' un pied nu, lui, laisse à peine une trace sur les sols souples. Ainsi tout un groupe de randonneurs pieds nus endommagera nettement moins les sentiers qu’un seul en chaussures. Les environnementalistes actuels feraient bien de reconsidérer l'usage des chaussures quand ils s’aventurent dans la nature.